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Le Japon va-t-il noyer l’uranium ?

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Pourquoi Tokyo continue-t-il à acheter de l’uranium ?

Depuis l’accident de Fukushima en 2011, qui a entraîné la fermeture de la cinquantaine de réacteurs nucléaires japonais — près de 13% des capacités mondiales — Tokyo n’utilise quasiment plus d’uranium. Le pays avait cependant signé avant la catastrophe plusieurs contrats d’approvisionnement en uranium de long terme avec des compagnies minières. Aujourd’hui le pays continue de recevoir ces approvisionnements.

Le pays a ainsi commencé à vendre une partie de ces stocks d’uranium devenus inutiles… avec le risque de noyer un marché de l’uranium qui peine déjà à rester à l’équilibre.

Des stocks d’uranium au plus haut
Cette absence de consommation a effectivement gonflé les stocks d’uranium du pays. Le Japon a ainsi ajouté deux années de stocks aux trois années déjà en réserve depuis la catastrophe de Fukushima. C’est peut-être ce qui explique que les opérateurs japonais ont commencé à vendre leurs stocks d’uranium.

En avril dernier, Japan Atomic Power a annoncé la vente d’uranium pour lui permettre de rembourser un prêt de 40 milliards de yens. Si le nom de l’acheteur n’a pas été dévoilé, il est probable selon le Japan Times que l’uranium a été revendu au vendeur. Et probablement à un prix moindre.

Aujourd’hui le pays réfléchit sur l’opportunité de redémarrer certaines centrales, ce qui pourrait permettre d’absorber une partie de ces stocks. Pourtant une grande partie de la population reste opposée à ce redémarrage.

Selon Nicolas Carter, senior vice-president du spécialiste de l’uranium Ux Consulting, seuls 5 ou 6 réacteurs devraient redémarrer, sur la dizaine envisagée. L’abondance des stocks d’uranium japonais ne vont ainsi pas aider les cours à se redresser, d’autant plus que les compagnies américaines et européennes semblent également à l’abri de la pénurie. Elles possèdent respectivement deux et trois ans de stocks.

Prix de la livre d’uranium, en dollar

Prix de la livre d'uranium, en dollar

Les géants réduisent la voilure
De son côté, l’offre a tardé à réagir pour s’adapter à la situation post-Fukushima. Ainsi le Kazakhstan, avec l’aide d’Areva, est en train de devenir un géant de l’uranium alors même que les prix de la livre n’assurent pas une rentabilité. Le pays produit actuellement 38% de l’offre mondiale. Et le Canada et l’Australie continuent de monter en puissance à leur tour.

Toutefois ces derniers mois, les spécialistes du secteur ont noté une inflexion. La minière Paladin coté à Toronto a annoncé début février l’arrêt de l’exploitation de sa mine de Kayelekera au Malawi. La mine était responsable de 2% de la production mondiale. Quelques semaines plus tôt, Cameco a annoncé l’abandon de son objectif de doubler sa production annuelle d’ici 2018, à 36 millions de livres d’uranium. La raison évoquée est que le marché est trop incertain à court terme.

Les prix ont-ils touché le fond ?
Une fois n’est pas coutume, les industriels semblent avoir privilégié le court terme sur le long terme. Les analystes estiment pour leur part que les besoins à long terme sont tels que l’uranium reste plus que jamais un marché porteur.

Bien entendu, le retour du Japon dans le jeu pourrait modifier partiellement la donne. “Le retour du Japon améliorera la perception du marché et de la demande” confirme Nicolas Carter. Mais ces deux décisions pourraient profondément modifier l’état du marché. Selon Morgan Stanley, la réduction de la production est suffisante pour rééquilibrer le marché. Pour la banque, les cours de la livre sur le marché spot pourraient même “avoir touché le fond” désormais. Mieux, Crédit Suisse estime que les prix reviendront vers les 55$ en moyenne en 2015, et vers les 70$ la livre en 2017. Et d’ici 2020, le marché pourrait se retrouver un “déficit conséquent et s’accroissant”. La raison de cet optimisme, c’est la Chine.

La Chine dicte le long terme
Je suis revenu de nombreuses fois sur ce fait, la Chine va devenir l’acteur central du marché de l’uranium et de l’énergie nucléaire dans les années à venir. Tout simplement parce que le pays s’est lancé dans la construction d’une trentaine de réacteurs nucléaires.

Si les ambitions de la Chine sont connues depuis plusieurs années, les premières conséquences sur le marché de l’uranium sont en train de se faire sentir. Pékin lance actuellement une grande offensive sur les minières uranium.

En janvier dernier, le Chinois CNNC a acquis un quart du gisement d’uranium de Langer Heinrich, en Namibie, pour 190 millions de dollars. Et la société chinoise possède également une option d’achat sur le reste de la production. Cette transaction — la première depuis deux ans — pourrait avoir été décidée par l’assurance pour Pékin que les prix ne baisseront pas plus bas.
[La Chine n'est pas la seule à s'intéresser à la Namibie. Dans Défis & Profits, Cécile Chevré vous recommande une minière justement installée dans les pays et qui a su faire baisser ses coûts de production pour faire le dos rond en attendant que les prix de l'uranium remontent. Alors que la demande devrait repartir, cette minière est très bien placée pour profiter de cette grande tendance. Et cerise sur le gâteau, son cours est particulièrement attractif... A découvrir dans Défis & Profits]

Mon conseil
Il existe plusieurs pistes pour investir dans l’uranium, de la grande multinationale à la junior canadienne. La société Denison Mines (DNN : NYSE) fait partie des petits producteurs qui ont le vent en poupe actuellement. Elle s’est faite notamment remarquée cette année par l’importance de son budget d’exploration.

Un autre acteur pourrait apporter plus de stabilité aux investisseurs hésitants, Uranium Energy Corp (UEC : NYSE). Si la quasi-totalité de ses gisements sont situés aux Etats-Unis (Texas, Arizona, Nouveau-Mexique…), ses clients sont également américains. Alors que les Etats-Unis sont dépendants à 90% de l’étranger pour leurs approvisionnements en uranium, ce producteur made in USA va rester un acteur majeur de l’énergie américaine. Et Last but not least, UEC possède des coûts de production particulièrement bas.


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